Le Temps qui reste - François Ozon (2005)

Publié le par Bardamu

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Avec Sous le sable et le Temps qui reste, Ozon, c’est le réalisateur le plus Proustien de notre époque. Le mémento mori de Melvil Poupaud, c’est celui d’un homo qui est, comme le dit une chanson- jeune et con, ah oui, et cancéreux en phase terminale, aussi. Plus que 3 mois à tenir, donc.

 

Son caractère, c’est celui d’un épouvantable égocentrique, éprouvant une forme de haine pour sa famille, une forme de lassitude pour son copain et une forme d’ennui pour son métier de photographe.

 

A la lumière de cette issue prochaine, il semble évoluer peu à peu. Il contemple, se remémore, badine...se recroquevillant peu à peu sur sa mélancolie. Avec Sous le sable, c’était le deuil qu’il fallait souffrir, ici, c’est tout ce qui le précède. C’est cette nécessité de se mettre à nu, de se vider l’âme : réconciliation auparavant ajournée sans cesse, la volonté d’emporter une dernière sensation d’étreinte, d’ivresse, de sentiment. Il se referme et s’ouvre en même temps.

 

Jeanne Moreau est la grand-mère de Romain. Et elle est la seule à connaître la vérité :

 

-Tu l’as dis à quelqu’un d’autre ?

-Non

-Alors, pourquoi moi ?

-Parce qu’on est pareils.

-Comment ca ?

-Ben...tu vas bientôt mourir…

 

Romain accepte cette mort et ne fera rien pour la combattre. C’est ce délicat récit d’une résignation qui s’achève comme une mort à Venise (une ville chère à Proust, d’ailleurs). Le film est court et sans lourdeurs, ce qui, pour le sujet, relève déjà d’un exploit de haute tenue.

 

Je passe volontairement sous silence l’épisode de la station service qui, somme toute, oppose un peu d’éclaircie dans cette contemplative et – presque - muette agonie.

 

Une très belle petite mort.

Publié dans Cinéma

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