GrindHouse - Tarantino / Rodriguez

Publié le par Bardamu






              "They call him Machete!" (le trailer d'ouverture)


Grindhouse, c'est un terme américain popularisé dans les seventies pour qualifier un cinéma qui diffuse des films "d'exploitation" , (blackexploitation comme Shaft - pour la communauté noire ; sexploitation, des films de Russ Meyer par exemple - des cannibal exploitation, zombies exploitations...tout un mélange de fusillades, érotisme cheap, gerbes de ketchup sur des maquettes d'argile laborieusement engluées sur des têtes de pauvres figurants non professionnels).




Des Grindhousemovies, ce sont donc ces films de séries B à petit budget, souvent diffusés par paires et c'est pour rendre hommage à cette époque d'âge d'or de ces films que Rodriguez a retrouvé son vieux compère Tarantino pour tourner - de son côté -  PlanetTerror, un film de zombies, et Tarantino, DeathProof. On retrouve les lubies des deux compères qui se sont fait plaisir : des fausses bandes annonces hilarantes suintant l'amateurisme bon marché (avec la complicité de plusieurs guest stars - nicolas cage, edgar Wright, le réalisateur de Shaun of the dead, katie melua, eli roth, le réalisateur de Hostel, Rob Zombie ( The Devil's Rejects) et quelques autres (on va pas tout vous dire non plus).

C'est donc une joyeuse anarchie de frimousses de psychopathes hurlantes, de têtes arrachées au rotor d'hélicoptère, d'humanoïdes beuglants écrasés au 4x4, seringués dans les yeux, shotgunés dans les tripailles, de mitraillages à bout portant avec des soufflants de la taille d'un marteau piqueur sur des cages thoraciques ravagées, des bubons sannieux qui gonflent sur des faciès torturés, tout ces massacres d'infectés orchestrés sur le style légèrement bourrin de Rodriguez qui a tout de même oeuvré pour composer une bande son à la John Carpenter (impossible de ne pas y penser en écoutant la musique du film).




Le gore fest de Rodriguez, Planet Terror, démonte tous les codes du genre en les multipliant par, à peu près, 120, et reste malgré tout, jubilatoire à regarder par l'inventivité de la mise en scène (pellicule manquante: on passe de l'acte 1 à l'acte 3 par exemple avec un message d'excuse des directeurs du cinéma ; dans certains cinémas américains, on a dû rajouter un bandeau explicatif afin de limiter le nombre de réclamations !). Les zombies passent une sale heure et demie en une chair à canon visqueuse même si certains d'entre eux on une conscience et des motivations très réfléchies (vengeance pour le docteur ou émoustillement pour Tarantino-zombie qui, une fois n'est pas coutume, endosse une personnalité de violeur-sadique-bourreau).


Malgré les hommages évidents, on trouve une once d'originalité, la prothèse kalachnikov portée par l'héroine du film (interprétée par rose mac gowan qui perd sa jambe droite au début du film); cela donne les scènes de fin : apothéoses de massacre de zombies en de poétiques défouraillages-coup de pied circulaires simultanés (et puis des poses - de yoga - très esthétiques pour expulser des grenades). Le délire pyrotechnique de la conclusion se ponctue d'un climax gatlingesque exquis, et ce en terre mexicaine (tiens, on dirait la même pyramide que celle d'une  nuit en enfer). A cela se greffe une fausse pub pour un restaurant de tacos et les faux trailers de films d'épouvante ("thanksgiving", le plus gore et une parodie de slasher, teen movie comme Scream ; on vous recommande la scène du trampoline, don't, et surtout celui avec les super soldates nazies loups garous...)




Pour l'épisode de Tarantino, Death Proof, l'enthousiasme retombe un peu : conversations interminables entre jeunes chicks délurées s'arsouillant dans ces typiques troquets texans sordides, le tout suivi par un Kurt Russell qu'on n'avait plus vu depuis longtemps (dans le rôle d'un ancien cascadeur aux tendances homicides et possédant comme arme de crime sa voiture customisée). On retrouve le fétichisme des pieds cher à Tarantino, son goût pour les références (scènes des affiches, la photo en trompe l'oeil au début du film...), les conversations "philosophiques" (comme au début de Reservoir Dogs)...et puis la scène d'action après 35 minutes de palabres, et puis la scène de fin, course poursuite filmée sans l'éclat qu'on lui connaît (l'ultime trentaine de secondes reste gaussatoire mais bon...). Une déception.


Scandale à prévoir pour la sortie européenne : la sortie en deux volets des films à trois mois d'intervalle. Est-ce en raison du bide connu aux Etats Unis ? Les frangins Weinstein qui avaient pourtant donné le "final cut" sans avoir à donner leurs accords (une confiance rarement procurée chez eux pourtant) veulent ils changer le montage final ?




Publié dans Cinéma

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