Un week end à Liverpool

Publié le par Bardamu

 

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Un week end à Liverpool, c’est un week end de poésie.

 

Celle du sol collant des clubs. Tel un marécage, on arrache ses pas à grande peine. Une fois dans les toilettes pour soulager une consommation excessive de boissons « alcopops », on patauge dans une fange luisante : l’urine est partout. Une « Golden Sea » pour les pompes.

 

Celle des regards libidineux du français qui découvre la nuit dans les rues d’une ville du nord de l’Angleterre un soir de fin de semaine. Policiers à chaque coin de rue, des ambulanciers raniment un type gisant à terre, des grappes de jeunes poulettes déambulent en hurlant, se gaussant, gloussant de tout leurs poumons (ces derniers presque visibles derrière des décolletés modèle « grand canyon »), un étudiant jette son kebab derrière lui, une déflagration de bouffe sur le pavé ; des gars costumés en héros Marvel chantonnent et prennent la pose. Quand les accents normands se font entendre, on vient nous parler très naturellement. On essaye les 3 mots de français survivants…

 

La poésie d’Anfield Road, de son musée, de ses hots dogs pourris, des supporters gredins de l’équipe visiteuse insultant ceux d’en face, à 2 mètres de séparation dans les gradins, des stadiers s’allongeant (pose de mannequin sur la plage) 5 minutes avant la mi-temps, dans l’espoir de contenir ici un supporter agité, ici quelque hypothétique tentative de « streaking » (débouler sur le terrain en « birthday suit »). Ca semble inutile, il n’y a pas vraiment de débordements. Aux abords de cette mythique arène, les bobbies toisent la foule rouge de leurs canassons. Les Chippies (échoppes Fish And Chips) débordent d’anglais bedonnants, grisonnants, grimaçant, parfois en famille. Tous en quête d’une barquette de frites noyée dans un tsunami de vinaigre, constellée d’un cosmos scintillant de sel (jamais vu autant dans une barquette de ma vie). Torres a marqué 3 fois. Le LFC a gagné 3 à 2.

 

Dans les boîtes, c’est l’ambiance Tektonik. De la house à plein volumes pour les chicas trémoussantes. Le Jacaranda et son pichet de « Cheeky Vimto » (et une donzelle au tarin écrasé et aux jambes interminables) ; le Philharmonic, un des plus beaux Pubs de la ville avec ses dorures, ses canapés, sa cheminée, ses salons privés ; The Office avec cette apparition de deux nanas ivres mortes en bikini…des filles en porte jarretelles, des frous-frous sur les mini jupes, des mini jupes, justement, fleurissant de partout…et les lads, les Scousers moyens (crâne rasé, chemise, rasé de près) blasés de ces étalages de chair.

 

La bonne chère, elle aussi, exalte nos palais : burger king, lloyd’s, Subway, kebab, curry…il faut alors dissoudre ces gouleyantes bâfrées dans des rivières de wicked blue, wicked red, vodka-redbull, carlsberg, stella, tequila, shooters peu ou prou catholiques (le vodka chili, à essayer). A se rincer le gosier, on en oublie presque le rinçage de l’œil. C’est un harem géant, temple de la biture et des jeunes filles en fleur, la grâce en boutures des jambes nues, des poitrines ouvertes et des croupes saillantes.

 

En 2008, Liverpool est la capitale européenne de la culture.

 

Publié dans Vie Vivante

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