Lunar Park - Bret Easton Ellis (2005)

Publié le par Bardamu



L’exercice autobiographique dynamité par Brett Easton Ellis.

Un long préambule en inventaire à la Prévert d’aventures mondaines, droguées, sexuelles, friquées, décadentes du jeune écrivain à succès, celui du néo classique, épouvantable de violence, American Pycho.

Et puis c'est l’installation dans un pavillon de banlieue américaine pour devenir un Desperate Writer en proie à des visions, des visites, des hallucinations, des mascarades grotesques, dérangeantes, gores perturbant un fragile équilibre mental.

Ca commence légèrement avec les frasques, ça finit en un long délire paranoïaque. On ressent les meurtrissures de l’incompris, l’isolement, le doute comme un supplice psychotique. Ce roman a le gout d’une agonie et l’auteur nous intrigue un peu plus lorsqu’il déclare à ce sujet : « Je ne veux pas avoir à clarifier ce qui est autobiographique et ce qui l’est moins, (…) Au lecteur de décider ce qui, dans Lunar Park, a bien eu lieu. »

 

Scène ordinaire en tournée promo :

 

« S’il n’y avait pas de drogues disponibles, je me sentais beaucoup moins investi dans l’affaire. Par exemple, puisqu’un dealer que je connaissais à Denver s’était fait - sans que je le sache à mon arrivée – poignarder à mort, à coups de tournevis dans la tête, je devais annuler mon apparition à cause de manque de dope (je me suis échappé du Brown Palace et on m’a trouvé sur la pelouse devant l’appartement d’un autre dealer, gémissant, mon portefeuille et mes chaussures volées, mon pantalon sur les chevilles). Sans drogue, j’étais incapable de me doucher, terrifié de ce qui pourrait sortir du pommeau de douche. De temps en temps, lors d’une signature, une groupie qui laissait entendre qu’elle avait de la drogue était entraînée dans ma chambre d’hôtel et tentait de me ramener à la vie avec de la dope et une pipe (ce qui exigeait une immense patience de la part de la groupie). « Il ne faut pas plus d’une semaine pour décrocher de l’héroïne » disait, pleine d’espoir, l’une de ces filles tout en essayant de se dévorer le bras après avoir constaté que j’avais consommé ses six sachets de smack. Sans drogue, j’étais convaincu que le propriétaire d’une librairie de Baltimore était en fait un puma. Si ce genre de truc pouvait se passer, comment aurais-je enduré, sobre, un vol de six heures jusqu’à Portland ? »

Publié dans Livres

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