Histoire de Melody Nelson - JC Vannier à la Cité de la Musique - 23.10

Publié le par Bardamu

 

Drôle d’impression…

 

Mathieu Amalric venant sur scène, littéralement les mains dans les poches, pour la première chanson de Melody Nelson…et sur un pupitre, devant lui, le texte…il lit, bien synchro avec les épileptiques remontées de main de jean Claude Vannier, chef d’orchestre…

Problème : c’est excessivement mal lu, aucun interprétation, aucune intonation un peu plus marquée qu’un autre…c’est la voix monocorde préenregistrée d’une gare de sous-préfecture, c’est le chapelet de politesses préprogrammées d’une caissière de Franprix…rien, rien, rien, le néant, le triangle des Bermudes, la gravité zéro de l’art du comédien…quelle désillusion venant d’un comédien pareil (belle composition dans Conte de Noël, de Depleschin, dernièrement)

 

Brian Molko ? Il brianmolkoïse, sa voix nasillarde, son phrasé, sa gestuelle ; il n’en fait pas trop, à défaut de ne rien faire du tout ; Brigitte Fontaine est sur le même registre, fidèle à son âme fantasque, de mamie punk, notre french marianne Faithful croisée à un oulipiste, une demi-mondaine, une demie –poétesse…elle chevrote la peine, la disparition, la mélancolie et c’est la chanson qui transpire le plus l’émotion…

 

Chamfort s’en tire avec les honneurs, crooner dandy et triste, qui interprète sincèrement une chanson d’un artiste qu’il a bien connu ; il semble être un fantôme, une autre époque, celle des seventies, sans doute figé là bas…et dire que Gainsbourg traversait les époques, les codes musicaux, à chaque album ; il transformait son répertoire (pour le meilleur – jazz, rock, reggae ( ?) comme pour le pire - son abominable période néo-funk-rap absolument inaudible aujourd’hui).

 

Peut-on évoquer l’étrange prestation de Daniel Darc ?  D’un pas incertain, tel un bébé kangourou pompette, il sautille pour gagner le centre de la scène…et pour massacrer ce qu’il reste de l’album (Ah Melody !)…un timing complètement décalé par rapport à l’orchestre (il fallait voir la tête de Vannier), des bouts de texte qui disparaissaient, une voix cassée, trop haut perchée peut-être…

 

Tiens, Amalric revient…pour la dernière chanson, celle avec les chœurs qui s’envolent, les cargo-culte, les cheveux de couleur rouge, naturelle. Une chanteuse lui vole la vedette…je crois que c’est Clothilde Hesme (vu chez Christophe Honoré dans Les Chansons d’Amour, par exemple). Elle chante et c’est simplement beau, c’est sans artifice, c’est avec les même émotions que sur le disque, aux mêmes moments.

 

L’orchestre ? Je retiens surtout la section cordes-batterie, piano… que des pointures. A la basse : Herbie Flowers, son CV donne le vertige : enregistrement avec Bowie (Space Oddity), Mc cartney, Shirley Bassey, Jools Holland, Lou Reed (Transformer), membre de T-Rex…un virtuose souriant, qui semble avoir toujours plaisir à jouer…

 

En ouverture, c’est L’enfant assassin des mouches…1 heures et quart musicale très inégale d’expérimentations, de légèreté, de tristesse…une mise en scène excentrique côté cour assez réussie… Tout le monde met le paquet…alors, après cela, 35 minutes de Melody Nelson dont les parties chantées semblent bâclées (rien à redire sur la musique, elle aurait juste gagné à être un peu plus épique au début et à la fin)…ben, ça fait moyennement plaisir…

 

On peut soupçonner Vannier d’être un peu aigri…mais c’est Gainsbourg qui est honoré, pas lui, en premier lieu. L’enfant assassin des mouches, Gainsbourg n’en a imaginé que l’histoire, pendant une nuit blanche…avez-vous lu cette interview du Monde ou du Figaro, je ne sais plus…il déclare « Gainsbourg avait tellement soif de reconnaissance…c’est moi qui ai imaginé 80% de la musique… »

 

Finalement, ce qui dessert le plus Vannier, c’est le tout début du concert…lorsqu’il veut éviter cette « minable hypocrisie » des artistes revenant en scène pour les rappels, et qu’il déclare avec emphase « je vais vous jouer les morceaux dont personne n’a voulu…les bis…les pestiférés…mes préférés… ». Il joue quelques instrumentaux, certains très bons d’ailleurs…mais il se met au piano aussi et tente de chanter…les paroles se hissent péniblement au niveau d’un Grand Corps Malade, c’est dire…

 

Publié dans Concerts

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